Tristesse en ces temps difficiles ou nous ne savons plus où nous en sommes de notre état mental. Même la nuit nous n'arrivons pas à avoir le repos d'un sportif! Nous nous endormons avec les statistiques sur le nombre de décès du jour et nous réveillons avec l'état des polémiques franco-françaises...Tous semble délabré dans tout notre être et, au réveil, le soleil des aubes somptueuses n'annonce pas des journées de joie et de bonheur.
Tout d'un coup le rideau de scène de l'opéra de nos vies a changé de couleur et, circonstance aggravante, dans des tons plus sombres et sinistres.
Ces noires pensées ne sont pas du au confinement car, comme vous tous sans doute, je me sens "ballotté" par le torrent de la tragédie. Car c'est bien une tragédie! Pour nous, pour le vélo, pour le sport, pour la vie, notre vie!!!
Bien sûr il y a les "réseaux sociaux" pour nous relier les uns aux autres, mais les images qui s'offrent à nous grâce aux techniques de communications nous rapprochent de l'essentiel de notre destinée et tout ce que nous négligions avant, nous remonte à l'esprit et deviennent soudain importants. La chance de vivre nous fait trembler d'humilité.
Tristesse! Tristesse de songer à l'état des malades, au regard baissé des gens que l'on croise, à la souffrance des agonisants, à l'état des hôpitaux où maintenant tant de vie s'achèvent à huit clos! Tristesse à ce que la ruine actuelle nous dit de la situation à venir de nos économies et de nos sociétés.
Nous assistons impuissants à la fin de quelque chose…!
Peut-être à l'affaissement d'une forme de civilisation, d'une forme de mondialisation que nous avions rongée et dont il va nous falloir faire le deuil. Nous pouvons nous demander ce qui subsistera demain des folies du monde d'avant, de la surconsommation, de la frénésie d'achat, de gloriole et de violence, de la superficialité, de la bêtise qui fait encore mine de ne pas comprendre où nous en sommes et qui continue de penser "mauvaise grippe" quand la mort tire les ficelles.
Demain, car il y aura un demain, seront-nous toujours aussi idiots qu'avant, aussi indifférents et sauront-nous faire le tri entre nos envies et nos besoins? Saurons-nous modérer nos propos, cesser de juger ce que nous ignorons, arrêter de mentir aux autres et à nous-mêmes et en finir avec les hypocrisies et les faux-semblants?
Il est possible qu'une fois la tragédie passée, la leçon du coronavirus soit une nouvelle "révolution" qui aurait réussi à améliorer l'homme. Il nous faut garder espoir et nous rappeler que nous sommes voués à vivre ensemble. Si les humains se mettent, dans le futur, à déployer les mêmes trésors de solidarité, d'intelligence, de dévouement, de courage et de foi en l'avenir que ceux qui se manifestent autour de nous, alors nous serons sauvés.
"Synthèse du texte tiré de Bruno Frappat: La confusion des sentiments".