Cyclo-crossInterrégionaux : une préparation ou un tremplin ?
Elle est bien loin, cette époque dorée où les épreuves de cyclo-cross attiraient une centaine de coureurs, au moins. Où même les forçats de la route qui se disputaient le maillot jaune l'été sur le Tour de France venaient se frotter aux spécialistes des sous-bois, l'hiver venu, malgré la pluie, le froid et la boue. « Quand j'ai commencé ma carrière, en 2002, il y avait peut-être une vingtaine de types sur la ligne de départ. Pas plus ! », se souvient Christophe Laurent, le coureur professionnel mendois qui intégrera, dès demain, l'équipe Agritubel.
C'est notamment l'arrivée en force du VTT dans les années 90 qui avait fait passer de mode le cyclo-cross, cette discipline au parfum ô combien particulier du cyclisme, qui se dispute avec un vélo traditionnel entre chemins et prairies,
en basse saison.
Depuis quelques années pourtant, les pelotons de crossmen ont retrouvé une taille un peu plus honorable. Un peu grâce... au VTT, puisque les "tout-terrain" sont désormais acceptés au départ des épreuves, beaucoup parce que les clubs reviennent à l'activité, à l'image du club spiripontain, le Team Velo Passion, organisateur ce dimanche à Carsan, des championnats interrégionaux. « A Bessilles, il y a trois semaines, on était plus de soixante-dix sur la ligne », se réjouit Christophe Laurent, qui trouve là une opposition de qualité.
Car pour lui comme pour beaucoup de ses pairs, le cyclo-cross est redevenu une excellente préparation hivernale. « En hiver, sur route, on accumule les kilomètres pour acquérir du foncier, explique le coureur lozérien. Mais pour ne pas encrasser le moteur, il faut faire une séance d'intensité par semaine. Et comme je n'aime pas faire de fractionnés (des entraînements avec des variations d'allure, NDLR), je préfère m'aligner au départ d'un cyclo-cross où on est au taquet pendant une heure ».
Car même dans un peloton d'amateurs, le professionnel n'écrase pas la course. « Normal, ce n'est pas la période de la saison où je suis censé être en forme. On est tous au même niveau, ce qui est encore plus ludique, pour les coureurs et pour le public ». Christophe Laurent a tout de même mis un point d'honneur à vaincre sur ses terres lors du championnat régional, il y a dix jours à Mende.
Pour d'autres coureurs, le cyclo-cross représente toutefois un intérêt plus important. Cela peut être un véritable tremplin... Et ce n'est pas l'Agathois Arnaud Jouffroy, 19 ans, champion du monde juniors en titre depuis le mois de janvier, qui dira le contraire. Son beau maillot arc-en-ciel lui a ouvert les portes de Vendée U, le club qui devrait l'amener au sein de l'effectif professionnel de l'équipe Bouygues Telecom.
Marc Madiot, le directeur sportif de la FDJeux. com s'était aussi penché sur le phénomène. « Sans le cyclo-cross, je n'aurais peut-être pas intégré une telle structure, concède le jeune Jouffroy. Mes caractéristiques physiques font que je me suis très vite adapté à cet effort spécifique. Mon titre mondial m'a ouvert des portes ».
Un tremplin certes... Mais Arnaud Jouffroy n'a toutefois pas l'intention d'oublier son amour pour les sous-bois, après avoir intégré les rangs professionnels. « J'espère reproduire chez les seniors ce que j'ai accompli chez les juniors », dit-il. Il prévoit son éclosion au niveau élite dans quatre ou cinq ans. Aussi... grâce aux kilomètres qu'il accumulera en été sur les routes des courses professionnelles.